La transition mondiale vers une économie bas carbone, portée par une électrification croissante de l’approvisionnement énergétique, est bel et bien engagée. À mesure que le mouvement s’accélère et que la demande de projets d’énergie renouvelable progresse, les chaînes d’approvisionnement énergétiques doivent évoluer, se transformer, parfois même se réinventer. Ce changement ouvre un champ d’opportunités considérable, tout en faisant émerger de nouveaux risques.
L’an passé, deux jalons clés ont illustré cette dynamique. Dans l’Union européenne, deuxième économie mondiale, la production d’électricité solaire et éolienne a pour la première fois dépassé celle issue des énergies fossiles, calculée sur douze mois glissants. Parallèlement, en Chine, troisième économie mondiale, les ventes de « véhicules à nouvelle énergie », qu’il s’agisse de modèles 100 % électriques ou hybrides rechargeables, ont dépassé celles de véhicules dotés de moteurs à combustion interne.
Pour accompagner ces évolutions profondes dans les modèles de demande et leurs impacts en chaîne, le secteur de l’assurance travaille étroitement avec les acteurs de l’énergie.
Nouvelles dynamiques d’approvisionnement
L’une des transformations majeures tient au fait que nombre de technologies renouvelables permettent une production énergétique locale, allégeant ainsi la dépendance vis-à-vis d’un nombre restreint de pays producteurs de combustibles fossiles. Aux yeux de nombreux experts, cette redistribution géographique renforce la sécurité énergétique, un enjeu particulièrement sensible dans un contexte géopolitique incertain.
Toutefois, l’envers du décor révèle un défi de taille : aujourd’hui, la Chine domine largement la production mondiale de certains matériaux essentiels aux technologies renouvelables, notamment les panneaux solaires et les batteries lithium-ion. Elle contrôle également la majorité des capacités de raffinage des terres rares indispensables à ces composants.
De plus, l’accès à certaines matières premières critiques demeure limité. Environ 90 % du lithium nécessaire à la fabrication des batteries lithium-ion provient de seulement quatre pays : l’Argentine, l’Australie, le Chili et la Chine. Si d’autres gisements ont été identifiés, notamment aux États-Unis, leur exploitation à grande échelle prendra du temps.
Le déploiement de nouvelles infrastructures renouvelables exigera donc de s’appuyer sur de nouveaux partenaires, de développer de nouvelles chaînes logistiques, ou les deux.
Faire face à de nouveaux défis
Trouver de nouvelles sources d’approvisionnement et imaginer de nouveaux modes de transport entraîne une reconfiguration des chaînes logistiques. Leur développement, leur construction puis leur montée en puissance poseront des défis aussi importants que les opportunités qu’ils ouvrent.
L’extraction de minerais dans de nouveaux territoires, parfois dans des environnements géopolitiques instables, fera émerger des risques inédits. L’interaction entre incertitude géopolitique et changement climatique entraîne déjà des tensions sur les chaînes logistiques dans de multiples secteurs, notamment sur certaines routes maritimes clés. Les attaques de navires en mer Rouge ont conduit de nombreux transporteurs à modifier leurs itinéraires, tandis que des épisodes de sécheresse ont rendu certaines sections du canal de Panama impraticables pour certains navires.
Consolider la chaîne
L’industrie de l’assurance dispose d’une vision quasi unique, acquise grâce à une longue expérience de quantification des risques dans des secteurs très diversifiés. Cette expertise permet de mettre en lumière des vulnérabilités que les opérateurs logistiques pourraient ne pas percevoir.
Par exemple, les transformateurs électriques sont indispensables à de nombreux projets liés à la transition énergétique, mais également aux infrastructures énergétiques traditionnelles.
Cette demande croissante, combinée à une exposition accrue aux phénomènes météorologiques extrêmes, pourrait entraîner des tensions d’approvisionnement. Sans la perspective globale apportée par leurs partenaires assureurs, les développeurs d’énergies renouvelables pourraient ne pas anticiper ce risque de congestion.
L’expérience accumulée par les assureurs au fil de décennies d’accompagnement de projets de nature très variée sera essentielle pour structurer les nouvelles chaînes logistiques qui permettront de maintenir le rythme de la transition énergétique.
Assurer tout au long du cycle
Plusieurs solutions d’assurance traditionnelles et de transfert alternatif des risques soutiennent déjà les projets de transition énergétique en couvrant les risques associés aux chaînes logistiques.
Les garanties Political Risk, Credit & Bond jouent un rôle central pour rassurer les investisseurs sur la viabilité des projets et la sûreté des approvisionnements dans un environnement géopolitique instable.
Les cautions peuvent protéger les donneurs d’ouvrage contre le risque de non-exécution des obligations contractuelles par les fournisseurs. Les solutions de transfert alternatif des risques, comme les captives, permettent quant à elles d’assurer directement les risques des fournisseurs, ou encore de protéger la maison-mère pour libérer de la capacité au bénéfice des couvertures logistiques.
Intervenir en amont
Le rôle des assureurs sera déterminant pour aider les projets énergétiques à structurer leurs nouvelles chaînes d’approvisionnement. Intégrer dès l’origine leurs connaissances et leurs analyses des risques permet de renforcer la résilience du modèle logistique.
Un engagement précoce entre assureurs, développeurs, financeurs et courtiers est crucial. Plus les échanges démarrent tôt, mieux les risques sont compris, anticipés et maîtrisés. À mesure que la transition énergétique s’intensifie, le dialogue entre toutes les parties prenantes deviendra indispensable pour assurer la robustesse des chaînes logistiques et la viabilité des projets.
Pour consulter notre rapport complet, ainsi que les sources d’information utilisées dans cet article, rendez-vous sur : https://axaxl.com/-/media/axaxl/files/pdfs/decarbonizing-the-energy-value-chain-final.pdf
