Le secteur de la construction connaît une phase de mutation profonde. Il se situe au croisement de plusieurs transitions majeures : énergétique, climatique, technologique et réglementaire. Les grands projets d’infrastructure comme le Grand Paris Express, les gigafactories ou les parcs éoliens offshore, sont au cœur de la compétitivité économique de l’aménagement du territoire.
Cette dynamique s’accompagne toutefois d’un contexte d’incertitude croissant : tension sur les ressources, complexité accrue des chantiers, intégration de matériaux nouveaux, exigences environnementales renforcées. Les évènements climatiques récents illustrent pleinement cette évolution : selon une étude de l’Université de Mannheim, les vagues de chaleur, sécheresses et inondations de l’été 2025 ont généré au moins 43 milliards d’euros de pertes économiques en Europe.
Ces épisodes affectent les ouvrages achevés, mais perturbent également les chantiers en cours, désorganisent les plannings et entraînent des surcouts significatifs. Ils confirment que les risques climatiques deviennent structurels pour le secteur.
Le climat : un risque désormais structurel
Le changement climatique demeure, cette année encore, le premier risque identifié dans le Future Risk Report du Groupe AXA. Sécheresses, précipitations extrêmes, inondations, retrait-gonflement des argiles ou feux de forêt : plusieurs de ces phénomènes voient leur intensité et leur fréquence augmenter selon les travaux du GIEC.
Les modèles de risques évoluent en conséquence. Ils ne reposent plus uniquement sur les historiques de sinistres, mais intègrent des données scientifiques, géographiques et hydrologiques, ainsi que des projections climatiques de long terme. Les programmes Copernicus ou les données météorologiques permettent désormais d’établir des cartographies de vulnérabilité plus fines, à l’échelle locale.
Ces outils facilitent l’adaptation des conceptions, le renforcement de certaines structures et l’ajustement des méthodes de chantier en fonction des expositions : risque d’inondation dans le Sud-Ouest de la France, vents forts sur la côte Atlantique, stress hydrique dans les zones méditerranéennes.
Matériaux durables : innovation et vigilance
La réglementation environnementale, notamment la RE2020, accélère l’adoption de matériaux innovants et bas carbone sur les chantiers : bois, chanvre, briques de terre crue, bétons innovants moins émissifs.
Ces solutions ouvrent la voie à une construction plus durable, mais elles soulèvent de nouveaux questionnements essentiels pour les assureurs, les maîtres d’ouvrage et les bureaux d’étude.
Les interrogations portent notamment sur :
- Leur comportement face à l’humidité
- Leur réaction face au feu ou leur degré d’inflammabilité
- Leur durabilité réelle
- La constance de leurs performances mécaniques
- Leur compatibilité structurelle avec les matériaux traditionnels
- L’évolution de leur profil de risque aux conditions climatiques extrêmes.
Pour garantir la fiabilité et l’assurabilité de ces matériaux, des validations techniques solides sont indispensables : certifications, avis techniques (ATEx), tests de performance, études de vieillissement. En l’absence de ces références, des audits complémentaires, des études de conception renforcées ou des plans de prévention plus exigeants peuvent être requis.
Cette vigilance ne vise pas à freiner l’innovation, mais à s’assurer que chaque matériau, même innovant et bas carbone, contribue durablement à la sécurité, la performance et la pérennité des ouvrages.
La donnée au cœur de la résilience
La digitalisation du secteur transforme profondément la façon de concevoir et de piloter les projets.
BIM, jumeaux numériques, imagerie satellite, bases de données climatiques et hydrologiques : ces outils permettent une compréhension fine des risques et facilitent les arbitrages techniques en amont.
Dans ce cadre, l’assurance évolue également. Elle n’est pas seulement un mécanisme financier d’indemnisation post-sinistre. Elle devient un partenaire de conception et de prévention, mobilisant risk consulting, expertise technique et modélisation.
Vers un assureur « accompagnateur de transformation »
Face à l’accélération des risques et à la multiplication des innovations, les assureurs ont un rôle majeur à jouer.
En s’appuyant sur la donnée, les retours d’expérience, les sinistres, et les compétences d’experts en génie civil ou en climat, ils peuvent anticiper les fragilités et proposer des solutions pertinentes.
Chez AXA XL, nos équipes accompagnent les maîtres d’ouvrage et les entreprises dans toutes les phases :
- Prévenir, en identifiant les expositions et en préconisant des mesures de prévention complémentaires
- Protéger, en adaptant les couvertures aux risques spécifiques de chaque chantier
- Prévoir, en mobilisant les projections climatiques et la modélisation pour anticiper les évolutions futures.
Construire aujourd’hui, c’est composer avec un environnement plus incertain, plus technique et plus exigeant. Dans cette équation, l’assurance devient un acteur structurant de la transition résiliente, en partenariat étroit avec ses clients et leurs courtiers.
